01/22/2019
Texte de Dean Campbell, photos de Andrew Snucins, Jason Nugent et Dean Campbell.
En quittant Montpellier (Qc) après son abandon au Rallye Défi 2017, Wim van der Poel était certain qu’il en avait fini avec le rallye. Ce qui aurait dû être son année ne l’avait pas été.
« J’avais jeté la serviette », avoue Van der Poel. « 2017 devait être notre année. Nous avions fait construire un nouveau moteur pour la Evo et nous étions très confiants. »
Van der Poel et Bryan Lord son copilote, avaient terminé deuxièmes au Rocky Mountain Rally cette année-là. Leur meilleur résultat à vie semblait confirmer leurs attentes. À partir de ce moment, les choses se sont mises à changer rapidement. Après avoir remorqué sa voiture de chez lui à Bragg Creek (Alb.) jusqu’à New Richmond, (Qc) pour le Rallye Baie des Chaleurs, lui et Lord étaient brisés en abandonnant à 800 m dans la première spéciale. Jusque-là, ils n’avaient connu que quelques abandons sur bris mécanique.
« Nous avions pris 16 départs sans aucun abandon », se rappelle Van der Poel. “Ni aucune sortie de route. »
« Aucune sortie de route qui nous avait fait abandonner », précise Lord.
Évidemment, c’était frustrant de quitter le rallye si tôt, mais ils se sont faits une raison et se sont préparés pour le Défi. Ils ont installé un nouveau moteur et sont repartis vers l’Est.
« Défi a été un désastre », raconte Van der Poel. « Là encore, c’était à cause du moteur. »
C’en était trop. Trop de frustration, trop d’argent, trop de route pour rien. C’est ainsi que Van der Poel a abandonné.
« Je savais que j’étais fini », confesse Van der Poel. « Je le savais avant même de quitter le Québec. »
Au cours de la journée suivante, alors qu’il roulait en Ontario, Van der Poel se mit à penser à ce qu’il avait connu en rallye jusque-là. Il avait commencé en classe Production puis était passé à la classe Ouverte avec la dernière Evo, mais cette progression ne s’était pas passé comme prévu.
Malgré tout, il avait rencontré des gens avec qui il avait créé des liens. Il avait aussi plein de souvenirs positifs de ses premières saisons.
Finalement, quand il a atteint la frontière Ontario-Manitoba, il avait retrouvé la piqûre du rallye.
« C’est vraiment à cause de tout ce bon monde », explique Van der Poel, sur ce qui l’a poussé à continuer. « J’ai décidé qu’il nous fallait une voiture simple, dont on pourrait faire l’entretien nous-mêmes. »
Van der Poel avait suivi les luttes en 2RM opposant Dave Wallingford et sa copilote Leanne Junnila à Jason Bailey et Shayne Peterson. Wim a décidé que c’était la direction à prendre et s’est souvenu d’une Fiesta R2 à vendre par la Team O’Neil Rally School.
« Quand on pense 4RM, on croit qu’on va se battre à armes égales avec les meilleurs équipages du pays », raconte Lord. « Après notre premier rallye dans la nouvelle voiture, au Big White, nous savions qu’on allait aller vite. »
Wim a passé cinq jours à l’école de pilotage pour apprendre à piloter sa nouvelle voiture. « Ç’a été ma meilleure décision. »
L’équipage a rebondi, remportant sa classe au Rocky Mountain Rally en 2018, « avec un peu de chance de la part de ‘Gilbert’ Jason Bailey. »
Un an après le frustrant Rallye Baie-des-Chaleurs, Van der Poel et Lord ont failli détruire la voiture dès la première spéciale de l’édition 2018. « J’étais retombé en mode 4RM », raconte Van der Poel. Un recentrage mental leur a permis de se reprendre en mains, mais ils ont compris qu’ils avaient un autre problème.
« On a aussi compris qu’il nous fallait prendre nos notes différemment », a admis Lord.
Dans une lutte de tous les instants, ils ont remporté leur classe à la Baie. Sans compter leurs pénalités de route, Van der Poel et Bailey ont terminé à 0,3 seconde d’écart, après presque trois heures à parcourir plus de 200 km de spéciales.
Van der Poel et Lord sont retournés au Défi pour améliorer leur position au championnat. Là encore, ils ont terminé au sommet du podium dans leur classe.
En arrivant au PFR, Van der Poel et Lord flottaient sur un nuage de confiance, mais ils sont vite revenus sur terre devant leur plus forte compétition de l’année. Bailey était en forme et l’Américain Dave Clark s’était inscrit avec une BMW M3 qu’il trouvait plus facile à piloter que sa Merkur. Les trois équipages ont roulé dans un peloton à part, en lutte constante durant la première moitié du rallye, mais Van der Poel et Lord étaient en contrôle à l’avant.
« Quand je pense à ce rallye, c’est l’un des plus beaux que j’ai disputés », admet Van der Poel. « Nous avons refait nos notes pour les adapter spécifiquement à la R2. »
« Aujourd’hui, je sens que je contrôle la voiture à 100 %. C’est pour cette sensation-là que j’aime le rallye. »
Cette sensation en 2RM est très différente de celle en 4RM. Lorsqu’ils se battent pour une place sur le podium, les pilotes de classe Ouverte se concentrent sur la compétition et recherchent chaque petit truc qui pourrait les avantager.
« Avec Jason, on a retrouvé cette chose qu’on avait avec Hardy Schmidtke en classe Production, quand on a commencé », rappelle Lord. « On s’amuse, mais la compétition est toujours là. »
En utilisant Bailey comme point de référence, Van der Poel a vu et compris à quel point il avait progressé avec la Fiesta. Même si la voiture est immanquablement plus lente qu’une de classe Ouverte, la vitesse qu’il peut conserver dans les virages et sur les surfaces difficiles est impressionnante et inspire confiance.
« La R2 me convient tellement mieux que la précédente », conclut Van der Poel.
Ils se préparent à la saison 2019 et se concentreront sur la partie Ouest du Championnat de rallye canadien. « On ira aussi à la Baie et on ajoutera d’autres rallyes dans l’Est, s’il le faut », confie Lord. « Charlevoix semble très beau, mais il est très près du PFR. »
Van der Poel repense à sa traversée de l’Ontario en 2017.
« Si j’étais resté en classe Ouverte, je ne ferais plus de rallye aujourd’hui », avoue Van der Poel. « C’est beaucoup excitant pour nous en 2RM. L’attitude est différente. C’est plus relax, il y a plus d’atmosphère. »
Van der Poel et Lord ont remporté les cinq rallyes auxquels ils se sont inscrits, dominant leur classe pour s’assurer du titre en classe en 2018.
Suivez le Championnat canadien de rallye sur Facebook, Twitter, et Instagram. La saison 2019 commence avec le Rallye Perce Neige, les 1er et 2 février, à Maniwaki (Qc).