03/22/2018
Texte de Leanne Junnila. Photos de Leanne Junnila, Timo Anis et John Groo.
D’une grande beauté et brutal. Le Rally Mexico est un mélange d’architecture espagnole coloniale éblouissante, de superbes chaînes de montagnes, d’énormes foules d’amateurs… et des routes difficiles au revêtement parcimonieux et aux pavés inégaux, des températures brûlantes et de la haute altitude (c’est-à-dire un air raréfié, une puissance réduite et, donc, plus de difficulté à manœuvrer les voitures). C’est l’un des rallyes les plus difficiles au monde et c’est celui que nous avons choisi pour étrenner la nouvelle Fiesta R5 Team O’Neil pilotée par Dave Wallingford.
Le Rally Mexico a lieu au début de mars, mais sa préparation a commencé en décembre quand nous avons entrepris de tester la R5, réunir les papiers nécessaires, préparer la logistique et nous pratiquer à faire des réparations nous-mêmes. Courir dans un rallye du WRC représente 90 % de préparation et 10 % de compétition, à la fin.
Nous étions une équipe de 12, y compris Dave et moi, ainsi qu’un ingénieur M-Sport pour le rallye. Le rallye commence le jeudi soir par le départ protocolaire à Guanajuato. Les fans envahissent les rues de la ville coloniale espagnole tandis que les voitures foncent dans les tunnels en dessous. C’est une façon très spectaculaire de lancer le rallye, tant pour les fans que pour les participants. Après cette spéciale en ville, les voitures gagnent le Parc Fermé pour la nuit. Le lendemain matin, les premières spéciales sont longues et techniques, avec beaucoup d’épingles en descente et dès le début, les freins surchauffent alors qu’il ne fait que 30º C. Il nous a fallu saigner les freins deux fois durant la première boucle, pointant en retard chaque fois au contrôle suivant. Cela dit, notre entraînement d’avant-saison s’est révélé profitable parce que nous avons pu saigné les freins des deux côtés arrière en moins de sept minutes, de l’arrêt à la relance. Pas mal.
Au fur et à mesure que vendredi passait, nous avions un meilleur rythme, loin derrière les équipages plus talentueux de WRC2, comme celui du Suédois Pontus Tidemand, mais nous faisions notre propre rallye et nous apprenions à mieux contrôler le nouvel équipement. Plus tard dans la journée, il est devenu évident que ce serait un rallye difficile en voyant tous les équipages en difficulté, dont plusieurs qui devraient reprendre le départ en Rally2 le samedi. Nous voulions simplement finir et mettre des kilomètres sous nos fesses, mais cette fois-ci ne devait pas se passer comme ça.
Samedi, nous avons commencé en force. La voiture allait bien, nous étions en forme et avons rapidement trouvé notre rythme. Mais à la deuxième spéciale, la faute. Au troisième virage de la Spéciale 12, appelée Otates (nous ne le savions pas, mais c’est le virage où le Norvégien Andreas Mikkelsen s’est planté en 2015), en accélérant en sortie de courbe, j’annonçais déjà le prochain virage quand d’un coup, la roue avant-gauche a mordu dans le bas-côté et nous a fait capoter. En sortant de la courbe, nous étions un peu trop à l’intérieur et la roue a mordu. Notre vidéo montre bien les trois tonneaux que nous avons faits, et nous nous sommes retrouvés sur la route, sur le toit. Dave s’est plaint de mal au dos. J’ai donc activé le RallySafe pour de l’aide médicale, j’ai texté à l’équipe de service et nous avons attendu. Un spectateur m’a aidé à sortir de la voiture et les ambulanciers ont pris le temps de poser un harnais dorsal à Dave avant de le sortir de la voiture. Nous sommes partis pour l’hôpital en hélicoptère et Dave a célébré son 40e anniversaire dans un hôpital mexicain, à faire réparer un disque écrasé. Je n’avais rien. Je suis donc retourné au service retrouver l’équipe. Ce n’était pas comme ça qu’on avait prévu terminer la journée, ni le rallye. Ce n’était que notre second abandon ensemble en 22 rallyes et on va s’en rappeler.
Le dimanche, je me suis rendue au podium pour représenter l’équipe et féliciter ceux qui avaient terminé. La plupart des concurrents avaient connu des difficultés. Je crois qu’il n’y a qu’une douzaine d’équipages qui ont terminé sans problème et les autres ont dû prendre un nouveau départ après divers ennuis. Nos amis canadiens Jason Bailey et Shayne Peterson ont terminé le rallye dans leur Fiesta R2. C’était donc une grande satisfaction de voir le drapeau canadien sur le podium.
Malgré notre fin abrupte, le Rally Mexico reste un événement hors du commun. Les routes, les paysages et les fans sont de première classe. Cette année, nous nous sommes faits de nombreux nouveaux amis parmi les autres équipages et les organisateurs du rallye ont été incroyablement attentionnés, heureux qu’ils étaient de nous revoir encore cette année. Chaque année le Mexique nous semble un peu plus chez nous. Maintenant que nous sommes de retour à la maison, Team O’Neil travaille fort à réparer la voiture pendant que Dave se remet, et nous avons hâte au prochain rallye ! Nous avons un programme ambitieux qui nous attend, alors surveillez l’annonce de notre retour. Tout rallye comporte des hauts et des bas, mais c’est l’effort qui le rend intéressant.